Revue de presse SNPL du 11 mars 2020
Revue de presse élaborée par
- Coronavirus : Air France-KLM va annuler 3.600 vols en mars
- Les hôtels français changent de mains comme jamais
- Pourquoi le trafic de l’aéroport de Toulouse a stagné l’an dernier
- Covid-19 : virage sur l’aile pour Bruxelles qui va mettre fin aux « vols fantômes »
- Le trafic aérien dégringole de 20% en France : les aéroports demandent l’annulation de taxes spécifiques
- Coronavirus : Qantas cloue des A380 au sol, son patron renonce à son salaire
- Air France : Italie bientôt suspendue, trafic déjà en recul
- « C’est très très calme » : l’aéroport de Roissy au ralenti à cause de l’épidémie de coronavirus
Coronavirus : Air France-KLM va annuler 3.600 vols en mars
Les Echos, 10/03/2020
Le groupe franco-néerlandais a transporté moins de passagers en février 2020 par rapport à l’an dernier. Il prévoit d’annuler ce mois-ci un quart de ses vols en Europe. La facture promet d’être salée pour les compagnies aériennes.
A l’image des grands acteurs du secteur aérien, Air France-KLM est rattrapé en plein vol par la crise du coronavirus. Le groupe aérien franco-néerlandais a transporté un peu moins de 7 millions de passagers en février 2020, soit 0,5 % de moins qu’il y a un an sur la même période.
Ce chiffre reflète « l’impact de l’annulation de tous les vols de et vers la Chine et l’impact initial du Covid-19 en Asie », précise le groupe dans un communiqué . Au total, le nombre de passagers transportés vers l’Asie a reculé de près de 25 % en février.
Aggravation en mars
Mais le pire est à venir. « Les prochains mois seront plus fortement impactés du fait de l’expansion du Covid-19 dans d’autres régions du monde et d’une réduction plus importante des capacités », indique Air France-KLM.
Dans le détail, le groupe prévoit d’annuler 3.600 vols en mars 2020. Les capacités de vol vont être réduites de 13 % sur le réseau longue distance, de 25 % sur le réseau européen et de 17 % sur le réseau domestique. KLM prévoit de réduire ses opérations long-courriers à un niveau similaire.
Alors que l’OMS évoque désormais le risque d’une pandémie, le groupe dirigé par Benjamin Smith assure suivre « l’évolution de la situation au quotidien » et être prêt à faire « des ajustements complémentaires » si nécessaire.
Une facture salée
La facture promet d’être salée pour les acteurs du secteur. La perte de chiffre d’affaires pour les compagnies aériennes en 2020 pourrait se situer entre 63 et 113 milliards de dollars , selon la dernière estimation de l’association du transport aérien international (IATA), dont les prévisions financières font référence. Le chiffre de 113 milliards est basé sur l’hypothèse d’une pandémie mondiale n’épargnant aucune destination. Or, ce scénario prend de plus en plus d’épaisseur.
L’épidémie a déjà précipité la faillite de compagnie aérienne britannique Flybe la semaine dernière, tandis que Lufthansa a annoncé clouer au sol plus d’une centaine d’avions. Si l’épidémie continue à semer l’effroi, d’autres compagnies aux finances fragiles, à commencer par Alitalia, pourraient être sérieusement menacées.
Les hôtels français changent de mains comme jamais
Les Echos, 10/03/2020
Le montant total des transactions sur les murs d’hôtels a atteint 4,4 milliards d’euros, à comparer à 1,8 milliard en 2018, selon JLL Hotels & Hospitality. Le précédent record hexagonal remontait à 2005.
A l’heure où le coronavirus met sous pression l’hôtellerie , l’information peut paraître décalée : le marché immobilier hôtelier français a atteint l’an dernier un montant sans précédent, pour un total de transactions de 4,4 milliards d’euros, à comparer à 1,8 milliard en 2018. Pour JLL Hotels & Hospitality, la branche hôtelière du géant américain des services à l’immobilier JLL qui publie ces chiffres, le marché français a capté 20 % de la valeur globale, en légère augmentation, des opérations réalisées dans la zone Europe – Moyen-Orient – Afrique en 2019, à 22,2 milliards d’euros. Il est vrai qu’il avait atteint un quasi-plancher deux ans auparavant.
Le précédent record national, à 3,7 milliards d’euros, remontait à 2005, une année notamment marquée par les prises de contrôle de Groupe Taittinger/Société du Louvre (Première Classe, Campanile, Kyriad…) par Starwood Capital et, déjà, de B & B Hotels.
Effet B & B
Car, quatorze ans plus tard, ce dernier a encore contribué à ce nouveau pic du marché. Il a été repris par Goldman Sachs auprès de PAI Partners pour une valeur de 1,9 milliard d’euros. En outre, Covivio Hotels a cédé deux portefeuilles d’hôtels B & B, soit 88 établissements, pour 378 millions d’euros à Primonial REIM, l’un des principaux gérants d’actifs immobiliers en France et en Europe.
Cette dernière transaction met en relief l’arrivée de nouveaux investisseurs. Primonial REIM est d’abord un spécialiste de l’immobilier de bureau. « Dans un univers de taux d’intérêt bas, il y a encore une prime sur cette classe d’actifs [les murs d’hôtels, NDLR] », explique le président de son directoire, Grégory Frapet.
Nouveaux investisseurs
Autre illustration de cette tendance, à l’échelle européenne : le gérant d’actifs britannique Schroders vient de lancer un fonds sectoriel , en s’appuyant sur une équipe de spécialistes, Algonquin Management Partners, qui l’a rejoint en 2018. « Les investisseurs immobiliers ont tous envie de diversifier leurs actifs. Et la première classe qui leur paraît lisible, c’est l’hôtellerie. Il y a assez peu d’activité immobilière assise sur un chiffre d’affaires », commente le patron Europe du Sud de JLL Hotels & Hospitality, Yves Marchal.
Les acteurs traditionnels n’en sont pas moins à la manœuvre, et plus que jamais. Covivio Hotels, entre autres, a ainsi acquis l’an dernier une participation de 32 % dans un portefeuille de 32 hôtels Accor (30 en France, 2 en Belgique) pour 176 millions d’euros. Valorisé 550 millions, ce portefeuille est codétenu avec la Caisse des Dépôts et Société Générale Assurances.
De son côté, la société de gestion Atream a, notamment, financé l’hôtel Mama Shelter de Lille, ouvert à la fin de l’été dernier, et piloté la reprise par un groupe d’investisseurs du nouveau village de Club Med aux Arcs. Cette opération, de plus de 100 millions d’euros, est, comme vente d’un actif « individuel », l’une des plus importantes de l’année.
Vision de long terme
Atream a aussi lancé l’automne dernier une nouvelle SCPI (Société civile de placement immobilier) consacrée à l’hôtellerie tricolore de bord de mer , et son premier FPCI (fonds professionnel de capital investissement), pour des actifs en France aussi. AEW Ciloger, autre acteur de l’épargne immobilière, a, lui, acheté les murs du Club Med de La Plagne pour le compte de l’un de ses OPCI (organisme de placement collectif en immobilier).
Si l’épidémie de Covid-19 plonge le tourisme dans la difficulté et trouble la visibilité à court terme, les investisseurs regardent bien au-delà de 2020. Pour le président du directoire de Primonial REIM, sa diversification est « un choix d’allocation sur le long terme ». Et Grégory Frapet d’ajouter : « quand on regarde les fondamentaux de l’hôtellerie, il y a une tendance de fond extrêmement favorable ».
Pour Yves Marchal, chez JLL, s’« il est encore un peu tôt pour se prononcer sur l’évolution du marché, où régnait jusqu’à présent un certain optimisme, on sait en revanche que les résultats d’exploitation des hôteliers ne seront pas bons cette année. » Mais, rappelle-t-il, « il faut plusieurs mois aux investisseurs pour mener à bien une négociation. »
Pourquoi le trafic de l’aéroport de Toulouse a stagné l’an dernier
Les Echos, 10/03/2020
Après une hausse de 50 % du nombre de passagers en neuf ans, le trafic de l’aéroport de Toulouse a marqué le pas en 2019. Les vols internationaux ont reculé tandis que la navette avec Paris-Orly a été touchée par la concurrence du TGV Ouigo, moins cher, et par les travaux sur la plateforme aéroportuaire francilienne.
C’est un retournement de tendance. Après avoir augmenté de 28 % entre 2015 et 2018, le trafic de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) a quasiment stagné en 2019, affichant une très légère baisse de 0,1 % sur un an, à 9,62 millions de passagers. Une activité nettement en deçà de de celle de la moyenne des aéroports français, en hausse de 4 % l’an dernier. En conséquence, l’aéroport de Marseille Provence repasse devant ATB, comme cinquième plateforme aéroportuaire française.
A Toulouse, le trafic international a reculé de 2 % en 2019, à 4,75 millions de passagers, quand le trafic domestique a progressé de 2,5 %, à 4,85 millions. Rien à voir avec le retrait, en fin d’année dernière, de l’ actionnaire chinois d’ATB , Casil Europe, au profit du français Eiffage. La direction de l’aéroport avance plusieurs raisons pour expliquer cette mauvaise performance. D’abord, l’offre de sièges globale a diminué de 0,3 % quand, les années précédentes, les compagnies à bas coûts easyJet, Ryanair et Volotea avaient multiplié les destinations. Et l’ouverture à l’automne par Ryanair d’une base et de 11 nouvelles lignes n’aura pas permis de rattraper le retard accumulé. Ensuite, les incertitudes générées par le Brexit ont pesé sur le trafic avec Londres, en recul de 3,3 % en 2019.
Effet Brexit
Par ailleurs, le trafic entre Toulouse et Paris Orly a diminué de 2,8 % l’an dernier à cause notamment de « la concurrence nouvelle de la SNCF avec les TGV Ouigo depuis l’été 2019 », explique le président du directoire d’ATB, Philippe Crébassa. Ce dernier évoque aussi les travaux menés à l’aéroport d’Orly. Ils ont perturbé son trafic qui a baissé l’an dernier. La « navette » entre l’aéroport francilien et ATB reste néanmoins la ligne plus fréquentée d’Europe avec 2,2 millions de passagers. La liaison avec Charles-de-Gaulle a, elle, fait un bond de 10,3 % et frôle le million de passagers. L’aéroport a aussi été impacté par les grèves de la navigation aérienne.
Air France est redevenue l’an dernier la première compagnie à Toulouse, avec 2,68 millions de passagers, grâce à une progression record du nombre de passagers de 11,6 %. Stable à 0,3 %, easyJet suit, à 2,52 millions, Ryanair plus loin, à 870.800 en hausse de 2,6 %, tandis que Lufthansa, à 531.160, a crû de 4,7 %. Les compagnies low cost ont formé 43,4 % du trafic toulousain, en progression d’un point.
Agrandissement prévu
Cette activité étale n’a pas empêché le chiffre d’affaires d’ATB d’augmenter de 6 % sur l’exercice 2019, à 160,6 millions d’euros. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) a fait un bond de 13 %, à 62 millions. Une performance attribuée notamment au boom des recettes commerciales, en hausse de 26 %, du fait du doublement des boutiques, à l’initiative de l’ancien actionnaire chinois Casil Europe. Les revenus immobiliers ont augmenté de 7 %, du fait de l’ouverture de l’hôtel NH et la construction d’un quatrième hall de peinture d’avion loué à Sabena Technics.
Pour 2020, l’aéroport s’agrandit en aménageant un parking avion au nord et ouvrira une nouvelle salle d’embarquement à pied d’ici à avril. En juin, Air Canada lancera une ligne régulière Toulouse-Montréal, avec cinq vols par semaine. Quant aux compagnies à bas coûts, elles devaient ouvrir une dizaine de nouvelles destinations au printemps, mais l’épidémie de coronavirus pourrait tout changer. « Nous n’avons pas relevé d’effet sur le trafic jusqu’à fin février mais plusieurs dizaines de vols ont été annulés en mars et on voit le trafic baisser », reconnaît Philippe Crébassa. Le président du directoire d’ATB s’attend « à un impact majeur dans les trois prochains mois si la France passe au stade 3 de l’épidémie. » Il faudra aussi gérer la baisse des ressources pour les acteurs de la plateforme.
Covid-19 : virage sur l’aile pour Bruxelles qui va mettre fin aux « vols fantômes »
La Tribune, 10/03/2020
Souhaitant initialement mesurer l’impact de la crise du coronavirus sur le trafic aérien avant de répondre aux demandes des compagnies aériennes de suspendre les règles d’utilisation des créneaux de décollage et d’atterrissage qui les poussent à voler avec peu de passagers, la Commission européenne a annoncé qu’elle allait légiférer en ce sens.
Les demandes des compagnies aériennes ont été entendues. La Commission européenne va suspendre les règles d’utilisation des créneaux horaires de décollage et d’atterrissage sur les aéroports congestionnés, qui obligent les compagnies aériennes à utiliser leurs créneaux à hauteur de 80% au minimum au cours d’une saison sous peine de les perdre la saison suivante. Cette règle du « droit du grand-père », également appelée règle du « use-it-or-lose-it », pousse les compagnies à voler à vide pour ne pas perdre cet actif précieux. Une modification du règlement sur les créneaux sera proposée prochainement au Parlement européen et devra être approuvée par ce dernier et le Conseil européen.
Moratoire jusqu’à fin juin?
« Afin de contribuer à réduire les effets de l’épidémie, la Commission européenne va proposer une législation ciblée pour lever temporairement l’obligation pour les compagnies aériennes d’utilisation des créneaux horaires en vertu du droit de l’UE », a indiqué la Commission.
« Cette mesure temporaire permettra aux compagnies aériennes d’adapter leur capacité, compte tenu de la baisse de la demande provoquée par l’épidémie. En l’absence d’une telle mesure, les compagnies aériennes devraient continuer à assurer les vols, même presque à vide, afin de conserver leurs créneaux horaires actuels dans les aéroports de l’UE. Cela aurait des conséquences négatives tant sur le plan économique que sur le plan environnemental. Compte tenu de l’urgence, la Commission présentera en temps utile une proposition législative et invite le Parlement européen et le Conseil à adopter rapidement cette mesure dans le cadre de la procédure de codécision », a déclaré Adina Vãlean, commissaire aux transports.
Ce lundi, l’EUACA, l’Association des gestionnaires européens des créneaux aéroportuaires, a suggéré un moratoire de la règle du « use-it-or-lose-it » jusqu’à fin juin avec la possibilité de la prolonger si la crise perdurait.
Virage à 180°
La décision de l’UE constitue un virage à 180° par rapport au discours tenu jusque-là par la Commission. Dans nos colonnes en effet, Filip Cornelis, directeur Aviation à la DG Move, responsable de la politique de l’Union européenne pour la mobilité et les transports, indiquait vouloir attendre de connaître l’impact réel du Covid-19 sur le trafic pour prendre la décision.
« Les compagnies aériennes nous sollicitent surtout pour la saison d’été [fin mars-fin octobre, Ndlr]. Nous avons déjà pris de telles mesures dans le passé. Mais il faut reconnaître que le processus est compliqué car il nécessite l’accord du Parlement européen. Pour suspendre la règle des 80-20, l’impact pour les compagnies aériennes doit être important, or, aujourd’hui, il est impossible de dire quelle sera son ampleur au cours de la saison été. Peut-être sera-t-il important, peut-être pas, peut-être n’y en aura-t-il pas, personne ne sait. Nous allons donc demander aux compagnies aériennes de nous fournir des chiffres sur les réservations, les annulations déjà faites et planifiées, afin d’avoir une meilleure visibilité de l’impact réel », avait-il indiqué.
Mais, depuis, la crise s’est amplifiée. Elle touche tous les marchés. Et les mesures de baisse de capacités prises par les compagnies aériennes dans toutes les régions du monde sont sans précédent. En outre, la médiatisation des vols à vide et l’incompréhension légitime qu’elle a suscitée a également poussé Bruxelles à accélérer son calendrier.
Le trafic aérien dégringole de 20% en France : les aéroports demandent l’annulation de taxes spécifiques
La Tribune, 10/03/2020
Selon l’Union des aéroports français (UAF), le trafic aérien a dégringolé de 20% depuis le début du mois de mars. Craignant des faillites de compagnies aériennes et des menaces sur l’emploi, les aéroports demandent au gouvernement des reports de charges et l’annulation de la dernière taxe mise en place le 1er janvier. Il s’agit de l’écotaxe qui, en fait, est devenue un complément de la taxe de solidarité.
« L’emballement et la psychose qui entourent l’épidémie de Covid-19 ont des effets désastreux. Le transport aérien français dévisse. » Ce mardi, lors d’une conférence de presse, Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF), n’a pas caché son inquiétude pour le transport aérien français. Après un mois de février marqué par un recul de trafic de 15%, «les aéroports français enregistrent une baisse de trafic de 20% en moyenne depuis début mars », a fait valoir Thomas Juin. Et cela ne va pas s’arranger. Selon la société ForwardKeys, cité par l’UAF, les réservations pour les vols long-courriers vers l’Europe au cours des prochaines semaines sont en chute de 79%.
« Tout ce qui est perdu ne sera pas rattrapé »
L’inquiétude des aéroports est d’autant plus forte que cette chute de trafic intervient au moment où va débuter à partir de fin mars la saison aéronautique d’été (jusqu’à fin octobre), une période traditionnellement faste pour tous les acteurs du secteur.
« Tout ce qui est perdu ne sera pas rattrapé, et l’année 2020 sera plus sombre que 2019 qui a été une année record avec 214 millions de passagers accueillis dans les aéroports tricolores », a prédit Thomas Juin.
Contrairement à d’autres secteurs, les compagnies aériennes ne peuvent pas stocker leur production.
La crainte des faillites de compagnies aériennes
Cette inquiétude en appelle une autre : que cette crise, si elle dure, entraîne la faillite de compagnies aériennes.
«Au Royaume-Uni, la disparition de la compagnie Flybe met en danger 8 aéroports. Certains pourraient fermer », a fait valoir Thomas Juin.
Les aéroports tirent donc la sonnette d’alarme. Près de 200.000 personnes travaillent dans les aéroports français.
« Nous appelons le gouvernement à protéger en urgence le secteur par des mesures fortes et spécifiques, à savoir un report de charges sociales et de fiscalité, notamment la fiscalité spécifique du transport aérien français », a indiqué Thomas Juin.
« La première chose à faire, c’est d’annuler la taxation qui s’applique depuis le 1er janvier sur le transport aérien français uniquement, qui va peser par exemple à hauteur de 60 millions d’euros sur Air France. Si on ne veut pas aggraver les choses, il faut l’annuler », a ajouté le président de l’UAF.
Il s’agit en fait de l’écotaxe votée l’an dernier, mise en place le 1er janvier, et intégrée depuis dans la taxe de solidarité (la fameuse « taxe Chirac » destinée à financer les programmes de santé des pays en développement) car il fallait au préalable la notifier à Bruxelles. Ce changement de statut n’est pas neutre pour les compagnies. Cette nouvelle taxe s’applique à tous les vols alors qu’initialement les vols vers l’Outre-mer, la Corse et les lignes d’aménagement du territoire ne devaient pas être concernés.
Suspendre la règle du « use-it-or-lose-it »
L’UAF demande par ailleurs à Bruxelles de mettre en place un moratoire pour la saison estivale sur la réglementation des créneaux horaires pour les aéroports congestionnés, laquelle oblige les compagnies à utiliser leurs créneaux horaires à au moins 80% au cours d’une saison sous peine de se les voir retirer la saison suivante. Elle suit la demande des compagnies aériennes mais aussi des gestionnaires des créneaux horaires en Europe. Ces derniers proposent une suspension de la règle « use-it-or-lose-it » jusqu’à fin juin seulement pour ne pas entraver une éventuelle reprise du trafic au cours de la pointe été, avec la possibilité de prolonger le moratoire si la crise perdure. Une demande entendue par la Commission européenne qui, ce mardi, a indiqué qu’elle allait suspendre cette règle.
Coronavirus : Qantas cloue des A380 au sol, son patron renonce à son salaire
La Tribune, 10/03/2020
En raison de la propagation mondiale du coronavirus, et de la baisse des réservations qu’elle entraîne, la compagnie aérienne australienne a décidé de ne plus faire voler la plupart de ses Airbus A380. Son patron, le mieux payé du pays, a quant à lui annoncé qu’il renonçait à son salaire jusque fin juin, de même que les autres cadres dirigeants vont réduire de 30 % leur rémunération.
La compagnie aérienne australienne a annoncé, ce mardi, qu’elle clouait au sol la plupart de ses Airbus A380 et que son patron renonçait à plusieurs mois de salaire, face à la chute prévisible des réservations en raison de l’épidémie de coronavirus.
Qantas et sa filiale « low cost » Jetstar doivent supprimer près d’un quart de leurs vols internationaux dans les six mois à venir. Ceux vers l’Asie et les États-Unis sont les plus touchés, avec par exemple la suspension des liaisons vers San Francisco depuis Melbourne et Brisbane, ou le report de cinq mois des débuts d’une nouvelle ligne, Brisbane-Chicago.
Huit gros porteurs A380 sur dix vont cesser leurs rotations jusqu’à mi-septembre, au profit d’appareils plus petits, notamment des Boeing 787.
Baisse des réservations
« Ces quinze derniers jours, nous avons assisté à une nette baisse des réservations sur notre réseau international à mesure que se poursuit la progression mondiale du coronavirus », a affirmé le directeur général Alan Joyce dans un communiqué.
« Nous prévoyons que la diminution de la demande continuera dans les quelques mois à venir, donc plutôt que d’aborder la question petit à petit nous réduisons la capacité jusqu’à mi-septembre », a-t-il ajouté.
Patron le mieux payé du pays, avec 24 millions de dollars australiens (près de 14 millions d’euros) en 2018, M. Joyce a annoncé qu’il renonçait à son salaire jusqu’au terme de l’exercice actuel, fin juin.
Les autres cadres dirigeants vont réduire de 30% leur rémunération, et l’ensemble de la direction sera privée de prime de fin d’exercice.
Des salariés encouragés à prendre leurs congés
Avec l’équivalent de 38 appareils qui ne voleront plus dans les six mois à venir, les salariés sont encouragés à piocher dans leurs congés payés voire à prendre des congés sans solde.
Le 20 février, Qantas avait chiffré les répercussions sur son bénéfice opérationnel de l’exercice 2019-2020, à un montant situé entre 100 et 150 millions de dollars australiens (58 à 87 millions d’euros) .
L’action a chuté de près de 38% depuis, et de près de 11% rien que lundi, journée noire sur les marchés financiers mondiaux.
Air France : L’Italie bientôt suspendue, trafic déjà en recul
Air Journal, 11/03/2020
Alors que l’Italie tout entière voit ses déplacements limités pour contenir l’épidémie de coronavirus, la compagnie aérienne Air France suspendra toutes ses liaisons vers le pays du 14 mars au 3 avril. Sur l’ensemble de son réseau, ce sont désormais 3600 vols qui seront annulés en mars. Le trafic du groupe Air France-KLM est déjà affecté par la crise sanitaire, avec un recul de 0,7% du nombre de passagers en février et un coefficient d’occupation en baisse de 2,5 points.
A compter du 14 mars 2020, la compagnie nationale française suspend la desserte de l’ensemble de ses destinations italiennes, et ce jusqu’au 3 avril 2020 inclus. D’ici samedi, Air France maintiendra un vol par jour vers chacune de ces destinations, soit 13 aéroports (Bari, Bologne, Cagliari, Catane, Florence, Gênes, Milan Malpensa et Linate, Naples, Palerme, Rome, Turin et Venise), « afin de vous permettre si vous le souhaiter d’anticiper votre voyage ». Elle avait déjà réduit de 30% ses dessertes vers le nord du pays. Vers et depuis le reste de l’Europe, Air France annonçait hier une réduction de capacité de 25% pour le mois de mars au lieu des 20% évoqués dimanche, sans la détailler ; « nous suivons en temps réel l’évolution de la situation et adaptons notre programme de vols en fonction de la demande », explique Air France sur son site.
La compagnie de l’alliance SkyTeam confirme aussi l’annulation de ses trois vols quotidiens vers Tel Aviv jusqu’au 28 mars, en raison des restrictions à l’entrée du territoire israélien. Elle a temporairement suspendu tous les vols vers la Chine continentale, ainsi que ceux vers Hong Kong et Taipei, et a réduit ses liaisons vers Séoul de 7 à 4 vols par semaine et vers Singapour de 7 à 5 vols par semaine jusqu’au 12 avril. « En fonction de l’évolution de la situation », Air France prévoit de reprendre progressivement ses opérations de et vers Shanghai, Pékin, Hong Kong et Taipei à compter du 29 mars ; « à ce stade », la desserte de Wuhan reste suspendue.
Rappelons qu’Air France propose désormais à ses clients le report ou le remboursement sans frais des billets d’avion sur l’ensemble de son réseau ; les mesures commerciales sont détaillées ici.
L’épidémie est clairement évoquée dans les résultats de trafic d’Air France-KLM en février : même si 2020 est une année bissextile et que les chiffres de trafic et de capacité publiés en février « sont mécaniquement augmentés d’une journée d’opérations supplémentaires », les résultats reflètent « essentiellement l’impact de l’annulation de tous les vols de et vers la Chine et l’impact initial du COVID-19 en Asie », souligne le communiqué du groupe. Le nombre global de passagers a reculé de 0,5% par rapport à février 2019, à 6,690 millions de passagers, avec un trafic en PKT en baisse de 0,7% sur une offre en SKO en hausse de 2,5% ; le coefficient d’occupation moyen des avions d’Air France, KLM et Transavia est en retrait de 2,5 points de pourcentage à 84,4%.
Sur le long-courrier du groupe, l’impact de la crise sanitaire est bien visible : l’Asie affiche des baisses de trafic en PKT comme de l’offre en SKO (-24,7% et -15,8% respectivement), le coefficient d’occupation perdant 9,6 points de pourcentage à 80,9%. Il affiche en revanche un trafic en PKT en hausse de 13,4% vers l’Amérique du nord, de 9,1% vers l’Afrique-Moyen Orient, et de +5,9% vers l’Amérique latine ; celui de la zone Caraïbes-Océan Indien est stable à -0,1%. Mais tous les coefficients d’occupation reculent, à l’exception de celui de l’Afrique-Moyen-Orient (+1,3%). Le court et moyen-courrier du groupe a de son côté enregistré en février une baisse de 1,8% du trafic en PKT sur une hausse de 0,6% des capacités ; le coefficient d’occupation moyen perd 1,9 point de pourcentage à 80,0%.
Pour la seule Air France, le trafic a baissé de 1,4% à 3,649 millions de passagers, avec un trafic en PKT en baisse de 0,2% sur une offre en SKO en hausse de 2,0% ; le coefficient d’occupation s’établit à 83,5% (-1,8 point). Sur le court et moyen-courrier, le nombre de passagers est en recul de 2,9% à 2,444 millions, avec une occupation à 78,6% (-1,8 point) ; sur le long-courrier, le trafic progresse de 1,7% à 1,205 million de passagers, mais avec une occupation en baisse de 1,8 points à 84,7%.
Chez KLM Royal Dutch Airlines, le trafic a baissé de 2,7% à 2,365 millions de passagers, avec un trafic en PKT en baisse de 2,7% sur une offre en SKO en hausse de 1,8% ; le coefficient d’occupation s’établit à 83,8% (-4,3 points). Sur le court et moyen-courrier, le nombre de passagers est en recul de 3,2% à 1,565 millions, avec une occupation à 82,2% (-2,0 points) ; sur le long-courrier, le trafic recule de 1,8% à 800.000 passagers, avec une occupation en baisse de 4,8 points à 84,1%.
La low cost Transavia au contraire affiche un trafic en hausse de 9,2% en février, avec 976.000 passagers. Le trafic en PKT a progressé de 7,8% sur une offre en SKO en hausse de 7,0% ; le coefficient d’occupation gagne 0,7 point à 93,5%.
Le groupe précisait hier que les prochains mois « seront plus fortement impactés du fait de l’expansion du COVID-19 dans d’autres régions du monde et d’une réduction plus importante des capacités ». Et citait l’exemple d’Air France qui prévoit « à ce jour » l’annulation de 3600 vols en mars, soit une réduction par rapport au plan initial de -13% des capacités sur le réseau long courrier, -25% sur le réseau européen et -17% sur le réseau domestique. KLM prévoit « une réduction comparable » de son activité sur le réseau long courrier. L’évolution de la situation est étudiée « au quotidien » par le groupe, qui évalue en conséquence si des ajustements complémentaires sont nécessaires sur le réseau. Air France-KLM avait déjà estimé à entre 150 et 200 millions d’euros l’impact financier de l’épidémie d’ici avril.
« C’est très calme » : l’aéroport de Roissy au ralenti à cause de l’épidémie de coronavirus
France Info, 10/03/2020
De nombreux voyageurs annulent leur déplacement, en raison de l’épidémie de coronavirus. Conséquence : les files d’attente sont réduites et les commerces de l’aéroport parisien quasiment vides.
Personne ou presque ne porte de masque à l’intérieur de l’aéroport de Roissy, près de Paris, même ceux qui arrivent de zones particulièrement touchées par l’épidémie de coronavirus Covid-19. Mais pas de quoi inquiéter Khadija, qui part en voyage professionnel à Stockholm (Suède), sans crainte particulière : « Pas plus que dans d’autres aéroports. J’ai pris l’avion ce mois-ci trois ou quatre fois et je ne suis pas plus inquiète que d’habitude. »
Pourtant, le secteur est particulièrement calme, depuis quelques semaines. Habituellement, quasiment 200 000 voyageurs passent chaque jour dans cet aéroport, l’un des plus gros du monde, 90 000 personnes y travaillent. Mais vu le contexte, Khadija récupère très vite sa carte d’embarquement, les files d’attente sont très réduites, y compris dans les commerces. Personne par exemple devant le comptoir de Ladurée, le spécialiste des macarons, normalement très prisé mais déserté depuis plusieurs semaines : « En temps normal, je vous aurais à peine dit bonjour, mais là je peux me permettre de prendre du temps. C’est très calme ! », explique la vendeuse.
Très calme aussi juste à côté, au café Eiffel. Depuis un mois et demi, certaines tables restent vides en permanence. Il y a moins de voyageurs, bien sûr, et aussi moins de personnes qui les accompagnent. La différence est flagrante pour Samir, l’un des serveurs : « On sent vraiment l’impact du virus. Normalement, c’est vraiment complet de 11 heures jusqu’à 14 heures. Mais là il n’y a pas de monde. »
Samir n’est pas particulièrement inquiet pour sa santé, d’ailleurs il ne porte pas de masque, même si le PDG d’Aéroports de Paris lui-même a été testé positif et mis en quarantaine. Porter des masques, ce serait trop anxiogène, expliquent les commerçants. Ils privilégient donc d’autres méthodes : rester à distance des clients et nettoyer les comptoirs avec du gel hydroalcoolique.
Les taxis, eux, sont plus inquiets. Ils voudraient que les voyageurs soient tous contrôlés à leur arrivée : « Hier j’ai pris un client, il venait de Shanghai. Il m’a dit que dans l’avion, il y avait des gens qui toussaient. Nous ça nous inquiète beaucoup », raconte un chauffeur. Certains hésitent même à venir travailler, des craintes pour leur santé évidemment, mais aussi pour leur portefeuille. En ce moment, ils attendent parfois une demi-journée avant de pouvoir prendre des clients.