Le monde d’après selon easyJet : Menace sur la sécurité des vols

Paris, le 15 juillet 2020 – D’aucuns pourraient nous accuser de scier la branche sur laquelle nous sommes assis, mais les élus SNPL d’easyJet, qui représentent 96% des pilotes basés en France, souhaitent avertir nos clients et les autorités régulatrices du fait qu’easyJet, pourtant habituellement à la pointe en terme de sécurité des vols, est maintenant dirigée par un management qui a érodé en quelques semaines plusieurs couches de protection face au risque d’accident. Nous demandons des engagements sur la sécurité des vols et un démenti ferme de la part d’easyJet pour que la confiance soit rétablie.

Les faits qui nous font réagir sont les suivants: notre département en charge de la sécurité des vols, auparavant indépendant, comme le dictent les bonnes pratiques de l’industrie, a non seulement vu ses effectifs fondre, mais se retrouve intégré à celui des opérations, de fait soumis à pressions commerciales. Dans le même temps, le nombre d’absences liées à la maladie deviendrait, en tout cas c’est ce que demande la direction, un critère clé de sélection pour le licenciement des pilotes basés au Royaume Uni.

Nos passagers, et c’est normal, ne se posent pas la question de savoir si les pilotes subissent une forme de pression pour effectuer leur vol. Or, nous affirmons que depuis la semaine dernière, des pilotes qui ne sont absolument pas en état de voler, physiquement ou mentalement, auraient pu prendre les commandes d’un Airbus easyJet, de peur de perdre leur emploi.

Alors que nos manuels de vol, les autorités aériennes et le système de management de la sécurité d’easyJet certifié au niveau européen, interdisent tous à un pilote d’aller voler s’il se sent inapte, le nouveau management d’easyJet a pourtant menacé de licencier en priorité les salariés qui choisissent de respecter les règles et  la sécurité des vols. C’est d’autant plus incompréhensible que la compagnie a depuis toujours, et par écrit, confirmé qu’un pilote sera toujours soutenu pour avoir pris la bonne décision de ne pas aller risquer la vie des passagers et de l’équipage,

Plus qu’une maladresse, nous observons un manque de clairvoyance de la part des nouveaux décideurs qui peinent à trouver une réponse à la crise sanitaire.

Ce manque de lucidité s’exprime aussi aujourd’hui par le retard au redémarrage que la compagnie a pris par rapport aux concurrents. Un manque de vision qui s’exprimait déjà hier, au début de l’épidémie quand le nouveau directeur des opérations, récemment débauché de chez Ryanair, avait qualifié la Covid-19 “d’être couverte de manière excessive par les médias” et s’était rendu au milieu des équipages basés à Milan, sans masque, pour appuyer ses propos.

Nous sommes d’ailleurs perplexes sur le niveau d’honnêteté de ce membre du conseil d’administration quand on sait que la Cour de justice Irlandaise a récemment indiqué dans son arrêt du 23 décembre 2019 qu’il avait menti lors de son entretien d’embauche chez easyJet, concernant le nombre de jours de congés et autres avantages dans son poste précédent. Ou encore quand ce même directeur avait plagié, pensant que personne ne s’en apercevrait, le discours du premier ministre irlandais dans un des ses messages aux employés d’easyJet. Cependant, pour des raisons qui nous échappent, la majorité du conseil d’administration continue de lui accorder sa confiance.

Ces choix malheureux font peser aujourd’hui une injonction cachée sur les pilotes d’aller envers et contre tout transporter des passagers alors même qu’ils souffriraient des symptômes d’une pathologie incompatible avec l’exercice de leur métier, Covid-19 incluse, ce qui est une importante régression en terme de sécurité aérienne.

Le SNPL easyJet en appelle à la direction de la compagnie, aux autorités de tutelle nationales et à l’Agence européenne de sécurité aérienne pour stopper des pratiques qui ne sont ni plus ni moins qu’une mise en danger des passagers et des employés d’easyJet. Il est fondamental que les pilotes aient la promesse que ni cette fois ni jamais, le choix de la sécurité ne sera une menace pour leur emploi.

Nous apportons également tout notre soutien aux pilotes sous contrat britannique, car même si les pilotes basés en France sont protégés par le code du travail français pour lequel certaines de ces pratiques sont considérées comme illégales, nous appartenons à une seule et même compagnie, et nos collègues opèrent aussi sur des lignes françaises. Nous soutenons en particulier la British Airline Pilot Association (BALPA), qui a pris l’initiative de lancer cette semaine un vote de défiance envers le directeur des opérations que nous relaierons probablement en France. Mieux vaut scier une branche toxique, que de laisser tout l’arbre pourrir.

Le bureau SNPL easyJet

 

Pour plus d’informations, vous pouvez contacter :

Arnaud Wiplier – président du bureau easyJet SNPL – 06 84 13 52 53

Nicolas Frick – vice président du bureau easyJet SNPL – 06 13 80 09 27

Michael Van Til – secrétaire du bureau easyJet SNPL – 06 59 11 63 99