Un seul pilote aux commandes :
Le nouveau principe de sécurité des vols ?

Cathay Pacific et Airbus se dévoilent

 

conseil européen

Roissy CDG, le 1er juillet 2021 – Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), dont l’une des missions principales est de maintenir et d’accroître la sécurité du transport aérien, est opposé à la mise en place des opérations monopilotes telles que celles proposées par certains opérateurs.

Airbus et Cathay Pacific ont dévoilé, il y a peu, leur projet consistant à n’avoir plus qu’un seul pilote aux commandes pendant la croisière d’un vol.

Plus tôt cette année déjà, le Directeur exécutif de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) avait posé de premiers jalons en se déclarant favorable au développement des opérations monopilotes.

Le SNPL n’est pas surpris.
Si à certains moments et sur certaines lignes, le vol se déroule sans difficulté imprévue, la charge de travail peut effectivement être temporairement réduite, il n’en demeure pas moins que l’idée récurrente consistant à vouloir réduire les coûts en réduisant le nombre de pilotes n’est pas réaliste et est surtout dangereuse. Le bilan économique global de ce projet n’est jamais présenté. De son côté, le SNPL pense que les économies ne doivent en aucun cas être faites en jouant sur la sécurité aérienne.

Les technologies ont certes fait d’énormes progrès et c’est en partie grâce à ces derniers que la sécurité des vols s’améliore d’année en année, mais le haut niveau de sécurité atteint par l’industrie du transport aérien repose avant tout sur un pilier fondamental : la synergie et la surveillance mutuelle entre deux membres d’équipage. Ce haut niveau de sécurité est en effet indissociable de la présence en permanence au cockpit de deux pilotes entraînés et reposés, en état de vigilance et en capacité de reprendre les commandes à tout moment.

L’ambition des projets des constructeurs en matière d’opération avec un seul pilote n’est en aucun cas portée par le souci de la sécurité mais plutôt pour vendre des avions plus chers du fait de leur “sophistication”.

Ces projets présentent une sous-estimation des risques, dont certains sont non traités, ou d’autres sont minorés voire occultés, ce qui constitue au final un grave danger. La sécurité du transport aérien n’est pas qu’une question de statistiques. Il faut également prendre en compte les scénarios imprévus où les deux pilotes doivent travailler de concert pour résoudre un problème qui n’aura pas été prévu par les ingénieurs. Et les cas sont nombreux. Sans compter les catastrophes aériennes malheureusement survenues en croisière.

D’ailleurs, la compagnie allemande Lufthansa a quitté le projet qu’Airbus continue à promouvoir. Beaucoup de compagnies, qui partagent certainement l’envie de réduire leurs propres coûts sont étrangement silencieuses, peut-être parce que mal à l’aise à l’idée d’essayer d’expliquer l’inexplicable ?

Alors que dans les manuels pilotes, il est répété des centaines de fois (en préambule et dans les procédures) que la règle d’or est pour les pilotes de vérifier, et vérifier encore et encore tout ce que fait l’autre pilote, d’échanger tout au long du vol, d’exprimer leurs doutes quand une évolution n’est pas prévue, etc. Airbus propose de tirer un trait brutal sur cette synergie qui a prouvé son efficacité.

Deux pilotes aux commandes n’est pas l’addition de deux cerveaux mais la multiplication de savoir-faire.

Le SNPL mettra tout en œuvre pour s’opposer aux projets de l’industrie visant à réduire le nombre de membres d’équipage technique, car cette réduction conduirait à une diminution du niveau de sécurité du transport aérien.